Premier soir avec toi [Kyoichi]

- Bien sûr que tu peux. Je te l'ai proposé, non ?

- Voilà, c'est mon appartement ! Fais comme chez toi.

- Assieds-toi si tu veux, je vais chercher à boire.

- Ah, euh, oui, d'accord.

- C'est vraiment joli en fait ici...

- Vous êtes trop chouchoutés, c'est pas possible....

Bon en principe je devais avoir de quoi boire, j'en avais toujours au cas où j'avais des "invités" de dernières minutes... m'enfin maintenant ce serait différent, ce serait pour les visites de Shouta que je ferais attention à avoir toujours quelque chose, car je n'aurais certainement plus ce genre d'invités... enfin durant... le temps que cela durerait évidemment...

- Ah, euh, oui, d'accord.

Je souris et regardai Shouta partir vers le salon alors que j'enlevai mon veston, puis j'allai dans la cuisine. Une chance que je sois barman, comme ça je savais ce qu'il aimait boire, je n'aurais pas forcément besoin de demander... quoique je ne sois pas sûr qu'il veuille boire de l'alcool, ce n'était pas toujours ce qu'il buvait au club, mais bon moi en revanche je pouvais bien boire un verre pour une fois. A bien y penser, pour un barman je n'étais tout de même pas un gros buveur... ça me faisait au moins ce défaut en moins même si ça ne rendait pas les autres moins graves ou importants. Mais ma relation avec Shouta en atténuerait quelques uns de toute manière... je l'espérais en tout cas, sinon j'étais vraiment un cas désespéré. Je ne voulais pas que Shouta finisse par avoir une mauvaise image de moi, mais je savais que ça arriverait forcément un jour ou l'autre... je ne savais pas pourquoi ni comment, mais quelque part au fond de moi, je guetterais toujours ce moment en espérant que ce ne soit pas le dernier que nous passerons ensemble. Je le décevrai, j'avais déjà déçu pas mal de monde, cela faisait sans doute aussi partie de ma nature... à ne pas me soucier de ce qu'on peut penser de moi, je ne sais pas ce qu'on attend de moi... et même si là j'en avais une vague idée ça ne me rendait pas plus confiant. Non, c'était même pire, je ne savais pas si je serais à la hauteur, Shouta était quelqu'un de bien, de trop bien pour moi probablement même.

Je soupirai doucement et passai une main sur mon visage, bon peut-être ne devrais-je pas me prendre déjà trop la tête. Mais c'était peut-être aussi juste normal. Je commençai à regarder dans le placard où je rangeais les boissons. Je ne devais sans doute pas essayer d'être quelqu'un d'autre que moi, s'il était tombé amoureux de moi - wouah c'était tellement étrange à penser - comme il m'avait connu au bar, alors changer ne servirait pas à le rendre plus heureux que s'il continuait de voir à quel point je pouvais être... moi...

- C'est vraiment joli en fait ici...

Je tournai la tête vers lui en souriant, oui c'était sympa, même si tous les appartements étaient à peu près tous les mêmes... quoique j'avais quand même bien arrangé le mien à ma manière évidemment, ça n'aurait jamais été mon chez-moi sinon. Mon sourire s'aggrandit quand je vis qu'il commençait à prendre ses aises, il avait parut tellement imide tout à l'heure que je me demandais si j'allais pouvoir ou non le décoincer. (en tout bien tout honneur xD) Il releva les yeux vers moi.

- Vous êtes trop chouchoutés, c'est pas possible....

Je ris en même temps que lui et reportai mon attention sur les étagères. Trop chouchoutés ? Hum par rapport à la plupart des employés japonais, ou même sur la planète entière, c'est vrai qu'on n'avait pas vraiment à se plaindre de la façon dont on était longé, m'enfin sans ça il n'y aurait pas dans de monde qui se presserait pour venir ici. Et puis, si les employés n'étaient pas heureux d'être ici, je ne pense pas que les affaires tourneraient aussi bien.

- Hum sans doute, mais nous sommes ses précieux petits employés, c'est normal...

Bon, en fait je me rendais compte qu'il serait temps que j'aille faire des courses pour me réapprovisionner en alcool car là ça commençait à être la dèch'. J'essayai de réfléchir à quand remonter la dernière fois que j'avais eu une visite, mais m'en empêchai avant de trouver, ce n'était peut-être pas utile de chercher quand est-ce que j'avais couché avec un mec pour la dernière fois alors que Shouta était dans la pièce à côté... même s'il ne pouvait pas savoir ce que je pensais, ce n'était pas une raison car je me sentirais mal - j'avais quand même pas un mauvais fond -. Je sortis finalement une bouteille de vodka et une bouteille de soda et ouvrit un autre placard pour attraper des verres.

- Ça ira de la vodka ou tu préf...

Je m'interrompis net alors que je venais de tourner la tête vers Shouta. Enfin, c'est surtout à cause de son regard que je me stoppai, je dois dire que j'étais plutôt surpris de voir à quel endroit se portaient ses yeux. Bon, au moins, je pouvais me dire qu'il n'était pas tout à fait différent des autres mecs de cette planète, ce qui était plutôt rassurant comme ça je pouvais me dire que je n'étais totalement son opposé. Je fis un sourire amusé et posai une main sur ma hanche.

- Dis donc, mon visage est plus haut que ça, Shou-chan ! lançai-je d'un ton offusqué.

Je secouai doucement la tête sans cesser de sourire - évidemment, comme si ce genre de chose pouvait vraiment me fâcher - et pris les bouteilles et les verres pour revenir au salon, tiens pour la peine il n'aurait pas le choix !

- Hum sans doute, mais nous sommes ses précieux petits employés, c'est normal...

- Ça ira de la vodka ou tu préf...

- Dis donc, mon visage est plus haut que ça, Shou-chan !

- Eh… Désolé…

- Tu dois mieux savoir le faire que moi, mais c’était pour me rendre un peu utile…Mais ça doit quand même être buvable.

- Finalement, je t’échange mon cocktail préparé avec assiduité contre tes baisers~

- Eh… Désolé…

Mon sourire s'aggrandit, sa voix était faible, je crois qu'il était vraiment gêné d'avoir été pris sur le fait. Mais c'était mignon qu'il s'excuse, et honnêtement je ne m'y attendais pas vraiment... quand je faisais ce genre de remarque, la plupart du temps, on me répondait des trucs provocateurs, voire libidineux, qui ne me faisaient absolument pas l'effet attendu. Enfin je savais que Shouta n'était pas du genre à dire ce genre de choses, sinon je l'aurais déjà su au bar vu la façon dont il m'arrivait de lui parler parfois... et c'était peut-être pour ça que je n'avais jamais pensé qu'il pourrait être attiré par moi, et encore moi être amoureux de moi, il ne laissait pas voir ses sentiments pour moi. Cela changeait de ceux qui arrivaient avec leur gros sabots, pensant être séduisants. Non, il n'y avait aucun doute, Shouta était le plus adorable de tous, lui au moins je pouvais être certain que c'était une gentille personne, qu'il ne jouait pas un jeu juste pour m'attirer. Il était bien trop transparent dans ses réactions ou sa façon d'être pour mentir là-dessus. D'accord, c'était paradoxal par rapport au fait qu'il avait réussi à me cacher ses sentiments pendant un moment, mais au fond il ne m'avait pas délibérément menti, il avait juste omis de le dire.

Je m'assis finalement sur le canapé à côté de Shouta après avoir déposé les bouteilles et verres sur la table. Je réprimai une exclamation de soulagement en me calant dans mon très cher et très confortable canapé. Après tout une soirée à rester debout et à piétiner, c'était quand même agréable de pouvoir s'asseoir, et en général je ne me rendais compte que j'étais fatigué qu'après que la folie du club se soit estompée et que je me retrouve tranquillement chez moi. Cela dit ce soir, c'était différent, d'être resté avec Shouta tout ce temps m'avait mis dans une humeur qui aurait du mal à me laisser bêtement m'endormir, j'avais juste les jambes un peu engourdies, ce qui n'avait rien de très surprenant.

Je regardai Shouta qui avait entreprit de faire le service, je fus surpris de voir qu'il le faisait de la même manière que moi. Je la lui avais expliqué, je m'en souvenais encore - d'ailleurs il y avait peu de conversations qu'on avait eu dont je ne me souvenais pas, j'avais une mémoire assez impressionnante quand je voulais -, mais je ne pensais sincèrement pas qu'il s'y était vraiment intéressé et encore moins qu'il la réutilisait. Mais j'étais aussi content, il y avait au moins personne pour laquelle je ne parlais pas dans le vide, c'était agréable à savoir.

Il termina mon verre puis s'attaqua au sien avec la même attention qui me fit sourire à nouveau - j'étais déjà souriant à la base, mais là ça dépassait l'entendement -, puis il me tendit gentiment mon verre en souriant à son tour.

- Tu dois mieux savoir le faire que moi, mais c’était pour me rendre un peu utile… Mais ça doit quand même être buvable.

Il rit, puis son regard se posa avec plus d'attention sur mon visage, je scrutai ses yeux. Mon coeur fit un bond quand, encore une fois, je pus y lire toute la tendresse qu'il avait à mon égard... de toujours, je n'avais jamais vu qu'un seul autre homme me regarder de cette manière, et encore même pour lui c'était totalement différent.

Il se pencha finalement sur moi et déposa ses lèvres sur les miennes, je fermai les yeux de délice, ses lèvres étaient vraiment terriblement douces. Honnêtement, maintenant, je me demandais comment j'avais pu ne pas tenter d'aller plus loin avec lui dès le départ. Je l'avais toujours trouvé séduisant, mais bêtement je ne m'étais même pas dit qu'il pouvait être aux hommes.

- Finalement, je t’échange mon cocktail préparé avec assiduité contre tes baisers~

Je laissai un sourire en coin se tracer sur mes lèvres et le regardai à nouveau dans les yeux. Tiens donc, monsieur voulait jouer à ça. Comme si j'allais m'en priver, puisque c'était proposé si gentiment.

- Hm tu es dur en affaire...

Je posai l'une de mes mains sur la sienne qui tenait le verre, puis remontai lentement mes doigts sur le verre lui-même qui était froid et couvert de condensation - comme je m'y attendais -. Je déposai un autre baiser sur ses lèvres tout en remontant ensuite ma main le long de son bras.

- Mais d'accord, j'accepte... et je vais tâcher d'être aussi assidu que toi.

Je posai ma main à la base de son cou, laissant deux de mes doigts se faufiler innocemment sous son col et je l'embrassai à nouveau, mais plus sérieusement cette fois. Je fus pris de doux frissons en sentant le contact de ses lèvres contre les miennes, je mordillai doucement sa lèvre inférieure avant de laisser ma langue la caresser sensuellement, puis elle se faufila jusqu'à sa partenaire de jeu. Je ne savais pas encore réellement comment je devais interprêter les légers tressautements de mon coeur, mais à bien y penser, rien que le fait que je sois avec lui ainsi était un comportement que je n'aurais jamais eu avec d'autres, j'en avais la conviction, alors est-ce que cela signifiait quelque chose de spécial ? Ou avais-je simplement l'impression de ressentir des petites choses juste parce qu'il m'aimait, que je l'appréciais beaucoup et que j'avais peu de le blesser si je ne répondais pas à ses attentes ?

- Hm tu es dur en affaire...

- Mais d'accord, j'accepte... et je vais tâcher d'être aussi assidu que toi.

Shouta répondit à mon baiser, m'empêchant de chercher plus longtemps les réponses à mes questions. C'était probablement d'ailleurs une bonne chose, ce soir ça ne me servait à rien de réfléchir à ça, d'autant plus qu'avec Shouta dans les parages, et en train de m'embrasser, je n'arriverais pas à réfléchir convenablement bien longtemps. Mais devais-je me faire du souci alors que nous étions ensemble que depuis quelques minutes ? Non, rien que dit comme ça je comprenais que c'était vraiment idiot. Pourquoi ne pas simplement faire ce que je savais le mieux faire ? Profiter du moment présent, ne pas me prendre la tête, et attendre de savoir ce que Shouta attendait de moi... il ne serait jamais trop tard pour apprendre je suppose.

Il se mit à mordre doucement puis à suçoter avec tendresse mes lèvres, j'en soupirai de bien-être. Il s'arrêta, pour déposer des baisers sur mes lèvres... intérieurement, je souriais béatement j'en étais persuadé. Shouta était probablement la tendresse incarnée, personne n'avait jamais été aussi tendre que lui avec moi, encore une fois c'était sans doute que je ne l'avais jamais voulu. Mais avec Shouta c'était différent... et il serait peut-être heureux de savoir que ça l'était... je n'étais peut-être pas un cas désespéré alors.

Il cessa finalement et je le vis détourner le regard, juste le temps de reposer mon verre qui, au final, ne servait plus à rien. Il se rapprocha à nouveau de moi en souriant, et je souris à mon tour, heureux qu'il ait prévu de ne s'occuper que de moi.

- Je suis intrigué de savoir jusqu'à quel point tu peux être assidu…

Je fis un sourire en coin, amusé par ce qu'il venait de dire. Ouh mais j'allais le surprendre, car je pouvais me montrer très assidu quand je le décidais. Une lueur malicieuse éclaira son regard et il posa sa main sur ma joue pour la caresser doucement. Je plongeai dans son regard et il m'embrassa à nouveau. Je profitai allègrement de la chaleur et de la douceur de ses lèvres qui se fondaient sur les miennes, à croire qu'elles n'attendaient que ça. Sa main remonta dans mes cheveux alors que la mienne caressait tendrement sa nuque. Son baiser était lent et doux mais plein d'une envie que je n'avais aucun mal à comprendre.

Pourtant je n'aurais pas cru, au premier abord, que Shouta puisse être un garçon aussi fougueux qui cédait à la tentation si promptement... après tout j'avais eu le temps de l'observer et il n'avait - malgré les sublimes créatures du club - jamais passé un seul moment ailleurs qu'au bar... et il était resté avec moi pendant tout ce temps, me regardant flirter avec d'autres hommes et il n'était jamais intervenu, il avait attendu juste le moment que nous soyions seul... Bien sûr, je me disais tout de même qu'avec une personne qui l'aimerait il devait être un peu plus désinvolte, mais pas à ce point-là, pas aussi rapidement. Ce qui n'était pas pour me déplaire d'ailleurs.

Je sentis son autre main se posa timidement sur ma hanche, et je ne pus m'empêcher de sourire sous notre baiser, il était vraiment trop adorable, il paraissait si innocent... moi cela faisait longtemps que je ne l'étais plus ni ne le paraissait d'ailleurs... mais c'était peut-être juste normal vu la façon dont j'avais vécu jusqu'à présent. Shouta se remit à mordiller ma lèvre, nous laissant reprendre notre souffle.

- Tes lèvres sont délicieuses...

Je souris à nouveau et déposai un baiser au coin de ses lèvres, avant de laisser les miennes glisser lentement le long de sa mâchoire. N'était-ce pas moi qui devait lui montrer à quel point je pouvais être assidu ? Je me rapprochai lentement de son oreille et taquinai tendrement son lobe du bout de ma langue.

- Seulement mes lèvres ? soufflai-je d'une voix sensuelle et taquine.

Je le mordillai doucement avant de revenir, non sans continuer à embrasser sa peau, vers sa bouche. Je passai un bras autour de son cou et plaçai mon autre main sur sa joue en le regardant dans les yeux, lui souriant tendrement, puis je l'embrassai à nouveau. Ses lèvres étaient trop tentantes, et moi je n'étais absolument pas du genre à me retenir de céder à la tentation... enfin dans la limite du convenable quand même. A présent, tant que ma tentation c'était Shouta, je n'avais aucune raison de ne pas lui céder, ne ?

Je caressai sa joue du bout des doigts et me laissai doucement partir en arrière jusqu'à ce que mon dos se retrouve sur le canapé, sans lâcher Shouta que je sentais à présent sur moi. Je glissai ma langue jusqu'à ses lèvres à nouveau, puis jusqu'à sa jumelle pour entamer un doux duel... de toute manière nous en serions tous les deux gagnants.

- Seulement mes lèvres ?

- Kyo… Je… J’ai peur que tu me prennes pour le même genre de garçon que les autres…

- … Et je veux pas que tu penses, que je suis juste intéressé par ton corps…

Je sentis sans mal que je venais de surprendre Shouta, mais cela ne dura qu'un instant et il répondit avec ferveur à mon baiser. Mes doigts caressèrent doucement son cou alors que nos lèvres ne se quittaient pas. A l'avoir tout contre moi, je perçus les battements de son coeur, effrénés, comme s'il appelait le mien à lui répondre. Ce qu'il ne tarderait sans doute pas à faire si on continuait sur cette voie... peut-être que mon coeur ne battrait pas pour les mêmes raisons, ou peut-être que si, qu'est-ce que je pouvais en savoir de toute manière ? Pour l'instant je ne pouvais être sûr que d'une chose, j'aimais être avec Shouta, dans ses bras, j'aimais voir à quel point il m'aimait même si j'avais encore du mal à m'en rendre réellement compte.

Ses mains commencèrent à bouger sur moi, l'une remontant à mes cheveux, l'autre descendant sur ma hanche, me caressant doucement. Cela ne manqua évidemment pas de me faire frissonner et mon soupir s'étouffa dans son nouveau baiser. Je laissai les doigts se faufiler sous son t-shirt pour effleurer le haut de son dos, j'avais besoin de le toucher... j'étais comme ça après tout, non ? Il soupira à son tour contre ma peau et ses lèvres repartirent sur ma mâchoire puis dans mon cou. Je fermai les yeux, laissant sa tendresse m'envahir, la chaleur de ses lèvres enflammer tout doucement mon corps.

Ses baisers s'estompèrent lentement, progressivement sur ma peau frissonnante qui n'attendait que d'être cajolée. Je rouvris les yeux, pourquoi il s'arrêtait ? La chameur qu'il provoquait s'évapora, mais le terrain ne resta pas vide longtemps, une légère frustration s'en empara. Je réprimai un soupir et ses yeux se plantèrent dans les miens. Sa main revint sur ma joue.

- Kyo… Je… J’ai peur que tu me prennes pour le même genre de garçon que les autres…

Il détourna les yeux et je fronçai légèrement les sourcils, soucieux. Pourquoi pensait-il ça ? J'agissais peut-être un peu trop précipitamment avec lui, mais enfin est-ce que c'était vraiment mal ? Là ce n'était pas juste de l'attirance physique que j'éprouvais, il y avait autre chose, dans une infime partie de moi, une partie qui n'avait envie que de grandir, d'accord c'était quelque chose que je ne savais pas identifier mais c'était présent, je le ressentais parfaitement.

Il déposa un autre baiser sur mes lèvres, tout aussi tendre mais peut-être un peu distant. En tout cas, à présent je ressentais une légère distance entre lui et moi... peut-être que nous n'avions pas les mêmes envies après tout... et les miennes n'étaient pas difficile à deviner.

-… Et je veux pas que tu penses, que je suis juste intéressé par ton corps…

Je soupirai doucement et ce fut à moi de détourner la tête. Mes joues prirent peut-être une légère teinte rouge, je n'en savais trop rien, mais qu'il dise ça me gênait... enfin, même si je savais aussi bien que lui que habituellement ceux qui "sortaient" avec moi n'en avaient qu'après mon corps, je savais aussi pertinemment que ce n'était pas le cas de Shouta.

- Je ne le pense pas, je sais que tu n’es pas comme ça. Je te connais plus que tu ne le crois...

Je l'appréciais, et peut-être qu'il ne se rendait pas compte à quel point je pouvais tenir à lui, même si c'était encore bien peu comparé à ce qu'il ressentait pour moi. Je l'avais observé durant tout le temps où il venait au club, parce que j'espérais l'avoir comme ami, parce qu'il était quelqu'un d'agréable, de doux et d'attachant, parce que je n'avais pas pu m'en empêcher.

Je le regardai à nouveau, glissai mes mains jusqu'à ses joues pour le regarder droit dans les yeux, pour qu'il comprenne que je ne lui mentais pas et que je ne me trompais pas. Je ne souriais pas, chose rare pour moi, mais j'espérais que mon regard transparaitrait la tendresse que j'avais pour lui. Aussi, je repris d'une voix douce :

- Et je ne suis pas stupide, même si je n’ai jamais été amoureux, je sais ce que c’est de désirer quelqu’un... et ça n’empêche pas d’avoir des sentiments...

Je me redressai à peine, juste pour pouvoir effleurer ses lèvres des miennes puis je lui souris doucement. Est-ce que j'arriverais à lui faire comprendre que, moi, je le voyais différemment des autres ? N'était-ce pas ça qui devait être le plus important ? Je savais qu'il n'était pas comme les autres qui passaient habituellement dans mon appartement, et il n'y avait pas de raison que je crois pas en ses sentiments après la sincérité dont il avait fait preuve.

- Et puis si tu ne veux pas, je ne vais pas te sauter dessus... je serais pas comme ça avec toi.

Mon sourire se fit plus amusé alors que je lui décochais un regard lourd de sens. J'avais beau être très franc et honnête avec ce que je pensais ou ressentais, je n'étais pas habitués à de telles discussions et je devais bien avouer que c'était un peu gênant. Alors je préférais parler plus légèrement, et puis s'il préférait qu'on s'en tienne là, je m'y ferais je n'allais pas le forcer à faire quelque chose qu'il ne voulait pas... en tout cas pas ça, c'était certain... même si ce serait dommage.