#Terminé~ C'est possible de passer de moment ensemble [Kyoichi]

- Je reviens.

- Voila j'ai penser que tu pourrais en vouloir.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas amusé ainsi, c'était vraiment très particulier et je pense que j'étais probablement retombé en enfance en quelque part. Hum... ce n'était pas qu'habituellement je me retenais dans mon amusement ou quelque chose comme ça... c'était que la présence d'Hisaki me donnait l'impression d'être une autre personne, mais ce n'était pas désagréable, au contraire même. Ce n'était pas avec mes autres amis que je me serais retrouvé dans une cabine d'essayage à passer des vêtements plus hideux les uns que les autres, les vendeuses nous avaient regardés très bizarrement d'ailleurs. Il faut dire que nous n'étions pas vraiment discret, mais comme elles nous connaissaient elles n'avaient rien dit.

Voilà donc comment à présent nous nous retrouvions à marcher sur la plage, mais en silence... mais je n'avais pas envie de le rompre, les yeux rivés sur l'océan je pensais aux femmes que nous avions croisés. Quelles pies alors! Encore plus bruyantes que nous, et pourtant on en avait fait du bruit! Toutes étaient littéralement subjuguées par Hisaki, c'était flagrant, mais lorsqu'elles avaient remarqué ma présence c'est moi qu'elles regardaient avec envie... ça me mettait un peu mal à l'aise en dehors du Club quand même. Pour peu je crois que j'aurais pu sauter sur Hisaki pour l'embrasser et montrer que les femmes ne m'intéressaient pas, mais ça aurait aussi été signer mon arrêt de mort alors éventuellement~

- Je reviens.

Je tournai la tête vers Hisaki dont la voix m'avait tiré de mes pensées et qui était déjà en train de s'éloigner vers je savais pas trop où. Je soupirai silencieusement, bon voilà qu'il m'abandonnait. Je levai les yeux vers le soleil éblouissant, mais seulement une seconde, je n'avais pas envie de devenir aveugle quand même. C'est qu'il tapait fort le bougre, en même temps sur une île tropicale difficile de faire autrement. Mais j'aimais ça, le soleil, il fallait juste que je m'habitue à la chaleur étouffante... depuis le temps j'aurais peut-être du... mais non, il me fallait apparemment encore plus de temps. Mais le temps je n'avais que ça devant moi, je resterais sur cette île pendant au moins dix ans, voire quinze... bon bien sûr, cela ne prenait pas en compte que je pouvais rencontrer quelqu'un mais je n'avais pas à m'en inquiéter pour le moment.

Je passai une main sur ma nuque en sueur et décidai finalement de m'attacher les cheveux, cela me donnerait moins chaud. En général que je ne les attachais que quand je m'habillais en femme mais là c'était un cas d'urgence. Je tournai ensuite la tête vers l'endroit où était parti Hisaki, et je le vis revenir tout sourire, un cornet de glace à la main... mais... les vampires ça ne mangeait pas que je sache...

- Voila j'ai pensé que tu pourrais en vouloir.

- Oh...

Moooo~ Je lui souris à mon tour et attrapai la glace, au chocolat. Si nous avions été dans un manga j'aurais probablement eu des coeurs à la place des yeux, moi et le chocolat, c'était une grande histoire d'amour. Tout de même j'étais surpris que Hisaki ait pensé à ça, et ça me faisait très plaisir. Finalement nous n'avions peut-être pas totalement perdu l'amitié qui nous liait autrefois, il suffisait... de la réanimer.

Probablement que l'autre soir avait changé quelque chose, ou bien en avais-je tout simplement marre de faire l'enfant alors qu'une partie de moi tenait toujours beaucoup à lui... qu'en était-il de l'autre qui lui en voulait encore? Je n'en savais rien, mais pour le moment je n'y pensais pas.

- Merci Hisaki.

Je léchai la glace et échappai un soupir de contentement, qu'est-ce que c'était bon. Je n'allais pas réellement pouvoir la savourer avec la chaleur qu'il faisait, elle allait me fondre sur la main si je ne la mangeai pas vite... en plus nous étions toujours planté en plein soleil et je remarquai qu'Hisaki avait replacé ses lunettes de soleil. Ah oui, ça ne devait pas être très agréable pour lui non plus, peut-être encore moins que pour moi d'ailleurs.

- Ne... tu veux qu'on se trouve un quoi d'ombre pour se poser? Ce sera toujours mieux que de rester à gambader sous les U.V.

Je ris doucement. On n'avait pas vraiment d'endroit où se rendre, et si on avait échoué à la plage c'était bien parce que nous avions fait le tour de ce qu'on voulait en ville, alors autant aller s'asseoir tranquillement... de plus si on continuait comme ça, je serais incapable de rester debout derrière mon comptoir ce soir, mes jambes finiraient par me lâcher... j'aurais pas l'air très malin.

- Merci Hisaki.

- Je crois que ici ça fera l'affaire.

- Tu sais qui sera classé #1 au club ?

Je relevai les yeux de ma glace une seconde et le vis hocher la tête. Oui, cela m'aurait étonné qu'il refuse alors qu'il allait finir par avoir envie de sauter sur le premier humain venu s'il continuait à s'exposer au soleil... et en l'occurence, l'humain le plus près c'était moi. Pas que je n'ai pas envie de me faire mordre par une superbe créature, mais en fait si c'était tout à fait ça... et puis même magnifique, Hisaki restait Hisaki et je n'arrivais à le voir différemment que lorsque j'étais petit... c'était peut-être étrange, et il fallait peut-être que je garde cela pour moi mais bon, ce n'était pas ça qui nous empêcherait d'être à nouveau ami, je dirais même que c'était encore mieux.

Il attrapa soudainement ma main en se mettant à avancer vers le bout de la plage, je le laissai me conduire alors que de délicieux frissons commençaient à courir le long de mon bras. Sa main était gelée, aussi froide que le zinc de mon comptoir sur lequel il m'arrivait de poser la joue quand j'avais trop chaud au Club - ce qui n'était pas rare -. Hum... oui, je sais, je venais de comparer Hisaki à du zinc, mais à mon avis je ne devais pas être le seul à me faire la remarque, ou tout du moins celle qu'il était froid... peut-être que non d'ailleurs, car les vampires perdaient le semblant de chaleur que leur procurait le sang qu'ils buvaient lorsqu'ils avaient faim... or, rares devaient être ceux qui laissaient des humains les toucher quand ils représentaient un danger, ou qu'ils étaient susceptibles de se faire repérer.

On quitta finalement la plage elle-même, sans pour autant s'en éloigner, les arbres qui longeaient l'étendue de sable étaient assez grand pour faire de l'ombre. Hisaki s'arrêta au pied de l'un d'eux et lâcha ma main avant de s'adosser à l'arbre en question. Je fis une petite moue, regardant ma main qui se sentait toute seule maintenant.

- Je crois que ici ça fera l'affaire.

Je hochai doucement la tête - oui cette fois c'était à mon tour - et je le regardai se laisser glisser le long de l'arbre. Je levai les yeux vers la cime et une question idiote me passa par la tête : est-ce que Hisaki risquait de faire tomber l'arbre en s'y appuyant trop longtemps? Je secouai la tête pour faire disparaitre la question de mon esprit et je m'assis à côté de Hisaki dont émanait une agréable fraîcheur, malheureusement la chaleur m'accablait quand même. Je recommençai à manger ma glace avant qu'elle ne décide de me couler sur les doigts, je croisai mes jambes allongées par terre et appuyai ma main libre sur le sol.

Je devais bien avouer que même caché du soleil, je ne me sentais pas moins en train de bouillir, mais peut-être qu'après quelques instants ça irait mieux. Je laissai mon regard glisser à nouveau sur l'océan en face de moi, et un sourire prit place sur mes lèvres. Toute mon enfance j'avais rêvé de vivre près d'une plage que je pourrais voir tous les jours, à présent je l'avais et je me rendais compte que ce n'était pas qu'un caprice d'enfant comme on me l'avait souvent dit. Non, c'était ce dont j'avais besoin, je le sentais. Je ne me voyais d'ailleurs pas vivre dans un autre endroit que cette île... Le silence s'était encore une fois installé, mais fut brisé par Hisaki.

- Tu sais qui sera classé #1 au club ?

Je soufflai silencieusement, bien que je savais qu'il l'aurait perçu. Pourquoi devait-on toujours me demander ça? J'étais le fils du patron, mais je m'en fichais bien moi du classement et mon père ne s'amusait pas à me le dire, il avait autre chose à faire... et même si certaines m'avaient demandé "d'aller aux renseignements", je ne l'avais pas fait. Maintenant que je ne vivais plus avec lui, je n'avais plus tellement besoin de faire d'efforts pour supporter sa présence qui devenait lourde et qui me rappelait des choses que je voulais oublier.

- Non, désolé je ne suis au courant de rien... décidément, vous les vampires vous cherchez toujours à être mieux qu'un autre hein... ça doit être pour ça que le Club marche si bien, vous êtes tellement en concurrence tous.

Et j'avais bien conscience que ça ne devait pas être amusant. Je n'aimais pas être comparé aux autres moi, et malheureusement vu que je travaillais au Club j'étais un peu dans la même course qu'eux, certains clients me demandaient ou me faisaient des avances à mon bar sachant que je n'étais pas un hôtes... et certains vampires me détestaient... mais c'était pas comme si j'avais vraiment peur d'eux.

- Ah, je dois être suicidaire pour accepter de travailler au milieu de vous tous...

Oups, les paroles m'avaient échappé... bon tant pis. Non mais ce n'était pas que j'aimais pas, au contraire j'adorais travailler au Club, mais parfois l'ambiance était pesante... heureusement, j'avais plutôt pas mal de répartie alors je ne me sentais pas trop comme une proie potentielle au milieu des prédateurs.

Je baissai les yeux sur ma main en sentant la glace couler lentement dessus. Ah c'était malin... Je léchai mes doigts et mordis dans la glace, je ne voulais pas qu'elle fonde avant que je n'aie pu la manger quand même... cela dit, mes dents et mes sinus apprécièrent moyennement l'attention.

- Non, désolé je ne suis au courant de rien... décidément, vous les vampires vous cherchez toujours à être mieux qu'un autre hein... ça doit être pour ça que le Club marche si bien, vous êtes tellement en concurrence tous.

- Ah, je dois être suicidaire pour accepter de travailler au milieu de vous tous...

- Suicidaire peut-être ou tu aime prendre des risque comme en ce moment.

- Est-ce qu'il fait encore trop chaud ?

Je sentais le regard de Hisaki sur moi, mais je me contentais de continuer à manger ma glace, histoire qu'il ne se fasse pas prendre en flag'... c'était gênant de se rendre compte que les gens sentaient qu'on les regardait. En plus de ça, je ne tenais pas vraiment à croiser son regard, sachant ce qu'il faisait je préférais éviter. Autant je trouvais ça drôle quand je voyais les gens en train de se perdre dans le regard des hôtes, autant je me doutais que je trouverais ça beaucoup moins drôle si ça m'arrivait à moi. Je me doutais quand même un peu que les clients devaient aimer ça, cela faisait partie du charme des hôtes après tout, mais quand on savait la vraie raison de ce regard, c'était nettement moins attirant. Enfni non mais, façon de parler quoi... je me porterais pas volontaire.

- Suicidaire peut-être ou tu aimes prendre des risque comme en ce moment.

Cette fois je le regardais et un petit rire franchit mes lèvres. Prendre des risques? Oui j'aimais ça, mais en ce moment je n'avais pas du tout l'impression d'en prendre... je passais simplement un moment avec un ami, non? Alors quoi de risqué en ce moment? Il allait pas me sauter à la gorge, et quand bien même il le ferait beh tant pis, j'aurais plus l'occasion d'avoir des remords hein.

Je terminai terminai ma glace et léchai mes doigts qui étaient légèrement collant. Hum génial... Bon... les pensées prudentes me paraissaient inutiles quand j'étais avec Hisaki, et même depuis que je l'avais revu à notre arrivée sur Rakuen, je sentais que je ne craignais rien quand il était dans les alentours. Ce devait être à cause de la manière dont il s'était occupé de moi quand j'étais petit, la façon dont il m'avait protégé... que ce soit physiquement que psychologiquement. Ses paroles m'avaient plus d'une fois réconfortaient après que mes parents m'aient une énième fois ignoré à cause de leurs disputes.

- Est-ce qu'il fait encore trop chaud ?

Je levai les yeux vers le ciel et soupirai doucement. Oui, la chaleur était accablante, mais je connaissais un moyen rapide et efficace de ne plus avoir chaud... je pourrais même aller jusqu'à grelotter de froid si je le voulais, et ce serait tentant car cela faisait longtemps que je n'avais pas eu réellement froid.

Je me rapprochai donc de Hisaki et attrapai sa main pour passer son bras autour de mes épaules. Je me collai à son torse, calai ma tête au creux de son épaule, et posai sa main sur ma joue. Des frissons me parcoururent aussitôt et je soupirai d'aise. Je ressentais parfaitement la froideur de son corps, et même si elle signifiait qu'il avait faim cela m'importait peu... pas pour lui hein, mais pour le fait que je pourrais être une proie comme une autre... mais je savais qu'il ne ferait pas de moi sa proie.

- Oui, il fait encore chaud, avouai-je. Mais si tu me laisses rester ainsi, ça ne sera plus un problème.

Je fermai les yeux alors qu'un sourire se glissait sur mes lèvres. Je repensais à ses paroles et aux risques potentiels que je courais et que j'avais d'ailleurs augmentaient de façon pleinement consciente. Je devais peut-être lui faire comprendre que j'avais confiance en lui, il saurait comme ça que je ne lui en veux plus, ou moins. Ce ne serait pas plus mal, ainsi il penserait peut-être moins au danger qu'il représentait pour les humains et un peu plus que moi je ne voyais pas - du moins dans son cas - qu'il était un prédateur.

- Et en ce qui concerne les soi-disants risques que je prends, en ce moment je suis persuadé que je ne risque rien. Ne Hisaki, tu ne me feras pas de mal toi, je sais que je crains rien avec toi.

Mes doigts caressèrent les siens d'un geste tendre et presque automatique. Encore une fois j'avais l'impression de faire un retour en arrière, je me rappelais de toutes les fois où j'avais semblant de m'endormir juste pour qu'il me porte dans ses bras jusqu'à ma chambre. J'aimais bien qu'il me serre contre lui, c'était les seules étreintes auxquelles j'avais droit.

- Oui, il fait encore chaud, avoua-t-il. Mais si tu me laisses rester ainsi, ça ne sera plus un problème.

- Et en ce qui concerne les soi-disants risques que je prends, en ce moment je suis persuadé que je ne risque rien. Ne Hisaki, tu ne me feras pas de mal toi, je sais que je crains rien avec toi.

- Tu n'as rien a craindre c'est vrai. Jamais je ne pourrais te faire quelque chose. Tu es ce que je veux protéger.

- Merci Kyoichi...d'avoir confiance en moi.

Je me sentais apaisé. Etre ainsi contre lui me donnait l'impression d'être au coeur d'un grand rempart, rien ne pouvait m'atteindre. Oui, Hisaki avait cet étrange pouvoir sur moi, je me rendais compte qu'aujourd'hui encore c'était réel mais c'était tout sauf désagréable. Peut-être qu'au fond, il y avait quelque chose de plus qu'une simple amitié qui nous reliait. Mais quoique ça puisse être, je ne le renierais pas, je ne voulais plus perdre Hisaki comme dans le passé. Je pense que je ne le supporterais pas.

Je ne cessais pas mes caresses, sa peau était tellement douce, j'aimais beaucoup la sentir sous mes doigts, et tant qu'il ne me repousserait pas je ne voyais pas de raison d'arrêter. De plus s'il ne m'avait pas arrêté jusqu'à présent c'est que ça ne devait pas le déranger. J'étais ainsi de toute façon, affectueux avec les gens qui m'étaient chers, et je n'avais aucune gêne à faire le moindre geste et on ne m'avait jamais réellement fait de remarque là-dessus, les gens avaient l'habitude je suppose.

- Tu n'as rien a craindre c'est vrai. Jamais je ne pourrais te faire quelque chose. Tu es ce que je veux protéger.

Mon sourire s'aggrandit. Ses paroles étaient vraiment douces et je sentais qu'il était sincère. Alors oui, j'avais un protecteur et personne ne pourrait changer ça... si dix ans ne nous avaient pas séparés, je doutais que quelque chose puisse un jour le faire. Mais peu importait pour le moment, tout ce qui comptait était que nous étions tous les deux.

Mais je pense qu'au fond je le considérais différemment qu'un simple ami, ce que je ressentais pour lui était très différent de ce que mes autres amis me faisait éprouver lorsque nous étions ensemble. Je ne pouvait pas dire qu'il était un grand frère, à l'époque où nous nous étions rencontré j'aurais pu, mais à présent nous n'avions plus que cinq ans de différence, et plus irait et plus cette différence diminuerait... je me sentais si proche de lui malgré les années où il avait été absent de ma vie, et je pense que d'une certaine façon nous nous complétions, comme les revers d'une même pièce. Maintenant sans lui je ne pourrais pas être entièrement moi.

- Merci Kyoichi...d'avoir confiance en moi.

Je rouvris les yeux et me décalai légèrement - sans me décoller de lui pour autant - pour regarder son visage, et j'arquai un sourcil. Mais qu'est-ce qu'il disait là? Pourquoi me remerciait-il pour cela? Je souris à nouveau et approchai ses doigts de mes lèvres pour y déposer un baiser.

- Hisaki, sache que quoiqu'il puisse arriver, je serais toujours là, à tes côtés.

Je ne pourrais pas le protéger de la même manière qu'il le faisait, c'était certain... malgré tout je savais que notre amitié durerait toujours et qu'il serait toujours le seul à avoir cette emprise sur moi. Avec lui je me sentais plus fort, rasséréné... même s'il me touchait en plein coeur et qu'au final ça devait plus être une faiblesse qu'autre chose. Je ne voyais pas les choses ainsi, et cela venait sans doute du fait que je détestais me mettre en colère, même contre la pire des personnes qui soit. Oh, je n'étais pas un saint, j'étais même probablement tout l'inverse, mais ça ne voulait pas dire que je n'avais pas de coeur.

Je me replaçai contre lui et refermai les yeux, humant la fragrance de sa peau de marbre.

- Ne... Tu te souviens... de la première fois qu'on s'est rencontré?... c'était aussi la première fois que j'osais parler à quelqu'un de moi-même... je me suis senti tout de suite attiré par toi. Malgré tout ce que pouvaient dire les adultes sur les inconnus, je crois que j'aurais pu courir dans tes bras si nous n'avions pas été dans le noir et que je n'avais pas eu peur de trébucher.

Je me mis à rire. C'était pourtant la pure vérité, je sentais qu'il était différent... pas venant du fait qu'il n'était pas humain, mais surtout il n'était pas comme les adultes qui m'entouraient, il était amusant, et me portait de l'attention contrairement à mes propres parents.

- Hisaki, sache que quoiqu'il puisse arriver, je serais toujours là, à tes côtés.

- Ne... Tu te souviens... de la première fois qu'on s'est rencontré?... c'était aussi la première fois que j'osais parler à quelqu'un de moi-même... je me suis senti tout de suite attiré par toi. Malgré tout ce que pouvaient dire les adultes sur les inconnus, je crois que j'aurais pu courir dans tes bras si nous n'avions pas été dans le noir et que je n'avais pas eu peur de trébucher.

- Et moi je t'aurais simplement accepter. Malgré que je tentais de te faire partir, je souhaitais que tu reste.

- Te faire toucher par un meurtrier ne te dégoute pas ?

- Je suis content de t'avoir rencontrer et que tu m'est pas écouter ce soir la.

Mon aveu l'avait surpris, je le sentais. J'avais sans doute était insouciant dès mon plus jeune âge... mais ce n'était pas important, enfin ça ne l'était plus étant donné que je n'avais absolument pas changé, et que ça ne changerait probablement jamais. Mais qui s'en inquiétait? Les gens me connaissaient ainsi, si je devenais brusquement sérieux c'est là qu'ils se feraient du souci pour moi. Mais avec tout ce que j'avais supporté après la mort de ma mère, je voulais profiter de m'amuser tant que je pouvais, ce serait bête de ne pas le faire alors que j'en avais les moyens.

Mais... il n'avait pas à être étonné. Ne comprenait-il pas l'importance qu'il avait pour moi depuis toujours - même si ces derniers temps je me refusais de le lui montrer -? Je ne savais pas comment lui dire, mais je finirais bien par trouver, j'en étais persuadé... et j'avais le temps d'y penser, rien que de rester près de lui prouver déjà que je tenais tellement à lui.

- Et moi je t'aurais simplement accepté. Malgré que je tentais de te faire partir, je souhaitais que tu restes.

Je souris une nouvelle fois. Il avait essayé de me dissuader de rester avec lui durant un bon moment, mais j'avais simplement fait ma tête de mule. Il ne savait pas, lui, que je n'étais pas vraiment têtu pourtant mais ce soir-là j'avais décidé de l'être, si je ne l'avais pas été je n'aurais pas pu lui tenir tête jusqu'à ce qu'il me laisse rester.

Sentant sa main bouger, je la lâchai et elle alla se perdre dans mes cheveux, me faisant frissonner longuement. C'était une douce caresse que je n'avais pas senti depuis longtemps, aussi je me rendis compte qu'elle m'avait manqué plus que j'aurais pu l'imaginer. Ah certes, il n'était pas rare que mes amants me caressent les cheveux comme ça, mais la douceur de Hisaki était tellement différente et tellement plus réconfortante aussi.

- Te faire toucher par un meurtrier ne te dégoute pas ?

Je rouvris aussitôt les yeux, cette fois j'étais choqué par ce qu'il avait dit. Pourquoi devrais-je être dégouté par ses mains sur moi? Jamais je ne l'avais vu comme un meurtrier... peut-être à tort d'ailleurs, mais je n'arrivais pas à penser ça de lui. Il avait tué des gens, certes, mais je ne voulais pas y penser... c'était un vampire, comme les autres hôtes, et les autres aussi avaient fait ces choses, mais à présent ils n'avaient plus à le faire alors à quoi bon garder ça en tête?

J'ouvris la bouche, bien décidé à lui dire ce que je pensais, mais il me devança.

- Je suis content de t'avoir rencontré et que tu m'aies pas écouter ce soir-là.

Je soupirai silencieusement, voilà qu'il changeait de sujet maintenant. Mais en plus de ne pas avoir confiance en lui il se dénigrait? Bon ce qu'il disait avait peut-être une part de vérité, mais ça ne changeait rien pour moi. Rien ne changerait jamais pour moi, je le voulais près de moi c'était tout ce qui comptait, il pourrait être le pire des psychopathes ce serait pareil.

- Rien n'aurait pu m'obliger à partir... et rien ne me fera partir encore aujourd'hui, tu sais.

Je pris ses mains et enroulai ses bras autour de moi pour qu'il me serre contre lui, puis je remontai l'une de mes mains sur sa joue et me réhaussai légèrement pour déposer un baiser sur son autre joue.

- Ne parle pas de toi comme ça. Tu es simplement Hisaki, et je sais que Hisaki est quelqu'un de gentil, d'attentionné et de compréhensif. Et si tu n'étais pas ce que tu es, les bonnes choses et les moins bonnes, on ne se serait jamais rencontré...

ç'aurait été dommage, sans lui je ne serais devenu comme je suis aujourd'hui, c'était grâce à lui que je m'étais ouvert aux autres, et même si cette extraversion s'était étendu parce que j'avais peur d'être seul suite à son départ, ça ne voulait pas dire que c'était une mauvaise chose.

- Rien n'aurait pu m'obliger à partir... et rien ne me fera partir encore aujourd'hui, tu sais.

- Ne parle pas de toi comme ça. Tu es simplement Hisaki, et je sais que Hisaki est quelqu'un de gentil, d'attentionné et de compréhensif. Et si tu n'étais pas ce que tu es, les bonnes choses et les moins bonnes, on ne se serait jamais rencontré...

- Une chance que tu es la pour me rappeler que j'ai des bons côté pas que des mauvais.

- Si tu n'étais pas la que ferais-je hein ? Tu es vraiment un ami sur qui ont peut compter.

Je sentis qu'il hochait la tête, j'avais peut-être réussi à faire en sorte qu'il cesse de se voir de cette manière... bon, certes, je supposais que les autres vampires n'avaient pas non plus une très bonne image d'eux... ou du moins que par moment cela devait leur peser - et si ce n'était pas le cas alors c'est qu'ils étaient vraiment devenu dangereux -, mais si du moins Hisaki arrivait à "vivre" malgré ça, à se sentir mieux, ce serait bien... c'était ce que je souhaitais. Avant, j'étais bien trop jeune pour comprendre, et même imaginer, les conséquences que pouvait avoir la vie de Hisaki sur son état psychologique, mais maintenant je savais comment il pouvait se sentir, même si je n'étais bien évidemment pas apte à comprendre, cela restait à mille lieues de moi.

- Une chance que tu es là pour me rappeler que j'ai des bons côtés, pas que des mauvais.

Je souris et secouai doucement la tête. Au moins, je pouvais me dire que je servais à quelque chose, même si ce n'était que pour ça, j'avais quand même ma place près de Hisaki. Bon, honnêtement, je n'avais jamais remis en question ma place sur ce monde, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser que Hisaki ne faisait pas partie de mon monde, il était différent mais c'était pour ça que je l'adorais depuis toujours.

Je fermai les yeux, pour pouvoir apprécier la position dans laquelle nous étions. J'avais beau être affectueux, cela m'arrivait rarement de rester ainsi dans les bras d'un ami... mais encore une fois, ce n'était pas la même chose avec Hisaki.

- Si tu n'étais pas là que ferais-je hein ? Tu es vraiment un ami sur qui on peut compter.

J'étais heureux qu'il me dise ça, vraiment heureux, maintenant je savais qu'il avait autant confiance en moi, que moi j'avais confiance en lui. Et c'était important, s'il n'y avait que l'un des deux qui faisait vraiment confiance à l'autre alors ce n'était pas égal et c'était triste même.

Je rouvris les yeux, surpris, lorsque Hisaki me serra un peu plus contre lui. Je levai légèrement la tête vers lui en souriant, puis je me pelotonnai un peu plus dans cette douce étreinte. S'il me serrait lui-même dans ses bras, je n'avais plus besoin de me demander si je ne me montrais pas trop démonstratif... si je l'étais, il me repousserait simplement. Quelques instants s'écoulèrent.

- J'aime quand tu me tiens comme ça dans tes bras, Hisaki... dis-je finalement, rompant le silence qui s'était installé.

Ah, si des gens nous voyaient ainsi, inutile de préciser que cela ferait rapidement le tour de l'île... quoique où nous étions il y avait quand même peu de chance qu'on nous voit, et quand bien même je m'en fichais bien, on ne faisait rien de mal après tout. Je soupirai doucement d'aise, je frissonnai toujours de froid en plus de ça, ce qui ne gâchait rien. Cela dit je savais que je ne pourrais pas rester éternellement blottis contre son torse, sinon j'allais mourir de froid. Je commençai même déjà à trembler légèrement - si peu -, mais cela ne me dérangeait pas, je crevais de chaud à longueur de journée alors ça changeait un peu... tout ce que j'espérais, c'est que Hisaki ne s'en rende pas compte.

Je laissai mon regard se poser à nouveau sur l'océan tout devant nous, et je me rendis compte que le soleil avait déjà amorcé sa descente. C'est vrai que nous avions passé du temps dans les magasins.

- Je n'aurais pas imaginé que je serais si heureux sur cette île... mais si je ne t'y avais pas retrouvé, elle ne serait pas aussi fantastique.

Une fois de plus, les mots étaient sortis tous seuls de ma bouche sans réellement que je m'en rende compte. Cela m'arrivait relativement souvent, mais bon, tant que je ne disais pas des choses entièrement stupide cela passait encore.

- J'aime quand tu me tiens comme ça dans tes bras, Hisaki... dit-il finalement, rompant le silence qui s'était installé.

- Je n'aurais pas imaginé que je serais si heureux sur cette île... mais si je ne t'y avais pas retrouvé, elle ne serait pas aussi fantastique.

- Si tu attrape froid, je serais responsable.

- On devrait penser a rentrer ce préparer pour ce soir. Je sens que la nuit va être longue.

- Et puis j'ai faim...je voudrais pas faire de bêtise...

Je fermai les yeux et un fin sourire prit place sur mes lèvres alors que je sentais les lèvres douces et froides d'Hisaki se poser sur mon front. Je ne m'attendais pas à un tel geste de sa part, non c'était plutôt mon genre à moi de faire ça et je l'avais prouvé à plusieurs reprises, et ce fut probablement pour cela que son baiser me fit plaisir. Son affection me rendait heureux, c'était aussi simple que ça, lui plus que les autres.

Je tentai de ne pas penser aux frissons qui ne cessaient de me parcourir, mais malheureusement pour moi, il desserra son étreinte. Je ne m'entêtai pas à rester contre lui - ce que j'aurais probablement fait s'il était humain - et le laissai poser ses mains sur mes épaules pour me repousser. Une petite moue se traça sur mes lèvres, mais lui souriait doucement, sans doute pour que je ne le prenne pas mal... mais non, je ne pouvais pas le prendre mal...

- Si tu attrape froid, je serais responsable.

Je soupirai silencieusement et me retrouvai bêtement assis à côté de lui. Ce n'était quand même pas un rhume qui pourrait me tuer hein! Tant pis si j'attrapais froid, ce n'était pas grave, ça ne m'empêcherait pas de travailler, et j'étais certain que ici j'arriverais parfaitement à me remettre, et très rapidement d'ailleurs... mais là n'était sans doute pas le vrai problème. Je croisai les jambes et posai mes mains sur l'herbe derrière moi. La chaleur ne tarda pas à reprendre sa place en moi. Remarque, ce serait probablement avec le passage du froid au chaud que je risquais de tomber malade... haha ce serait drôle, ça voudrait dire qu'il aurait mieux valu que je reste dans ses bras.

Je secouai doucement la tête, bon il fallait que j'arrête de me comporter comme un gamin... mais ça m'arrivait pas souvent, juste quand j'étais avec Hisaki mais je supposais qu'avec le temps ça passerait un peu... pas que ça me gêne moi, mais lui probablement que si...

- On devrait penser à rentrer se préparer pour ce soir. Je sens que la nuit va être longue.

Je tournai la tête vers Hisaki. "Longue"? Moui peut-être... enfin pas plus que les autres... enfin si une certaine personne se présentait à mon bar ce soir c'était certain que la nuit serait moins longue et nettement plus agréables. A cette pensée, je souris. Oui, rien que de penser à lui ça me faisait sourire, mais ce n'était pas surprenant quand on y réfléchissait bien. Il était tellement différent des pervers ou poivrots qui fréquentaient le Club que sa compagnie ne pouvait être qu'appréciée, et puis... maintenant que j'étais sur l'île, j'avais surtout l'impression de ne parler qu'avec les hôtes et autres employés du Club, et même s'il était un client, cela se voyait qu'il était complètement étranger à ce genre d'endroit.

Je soupirai à nouveau, voilà que je repartais dans mes pensées, ce n'était pas vraiment malin... surtout que mon vampire avait raison, il se faisait tard.

- Et puis j'ai faim...je voudrais pas faire de bêtise...

Je hochai la tête en reposant mon regard devant moi. Je ne pouvais qu'acquiescer, il semblait tellement craindre de blesser quelqu'un - me blesser? - que je ne pouvais pas lui dire que je voulais rester ici encore, même si c'était le cas. Je laissai à nouveau un sourire se peindre sur mes lèvres.

- Wakatta!

Je me relevai et m'étirai. Voilà, je ne tremblais déjà plus et j'avais même chaud maintenant. Alors, rentrer n'était sans doute pas du tout une mauvaise idée, comme ça je pourrais prendre une douche - ou un bain, au choix - pour me délasser avant de me préparer à aller bosser. Ah il fallait aussi que je pense à manger moi aussi. Je regardai à nouveau Hisaki.

- Rentrons alors. Avant que tu ne décides de me sauter dessus.

Je lui tirai la langue et ris doucement. Mieux valait tourner ça à la plaisanterie, je n'avais de toute façon pas peur de lui ni de la faim qui commençait à le tirailler. Et comme ça il verrait que je ne lui en voulais pas d'avoir couper court à ce moment... et au fond, ce n'était pas comme si nous nous quittions pendant des mois, dans à peine trois heures je le reverrais, et on vivait dans le même immeuble alors...

- Wakatta!

- Rentrons alors. Avant que tu ne décides de me sauter dessus.

- Allez il faut je sois en forme pour affronter cette soirée.

- On ce reverra au club ne ?

Son rire se joignit au mien, pourtant je sentis bien qu'il n'était pas aussi vrai. Bon, je m'attendais pas à ce qu'il devienne plus confiant en si peu de temps, je ne l'attendais pas vraiment d'ailleurs, connaissant Hisaki je savais qu'il se ferait toujours du souci... au pire, il ne me le montrerait pas, et s'il faisait des efforts je ferais comme si je ne savais rien.

- Allez il faut je sois en forme pour affronter cette soirée.

Je fis un petit sourire. Je dois dire que je n'enviais pas vraiment le travail des hôtes, devoir être mielleux avec des gens qui ne sont pas forcément très agréables, ça ne doit pas être sensas'... aussi, je me sentais très bien derrière mon bar, même si des fois j'avais des cas sociaux qui venaient me parler... mais au moins je n'avais pas l'obligation de flirter, ce qui ne m'empêchait pas de le faire en fait, mais je ne le faisais qu'avec des hommes qui me plaisaient évidemment. Hm même si je devais avouer que des fois j'étais obligé de jouer le jeu quand il s'agissait de très bons clients. Mais bon je n'avais pas à me plaindre, ce n'était pas mon genre d'ailleurs.

Hisaki se mit à marcher, les mains dans les poches, je réprimai un soupir et lui emboitai le pas. Bon je ne pouvais pas non plus lui prendre la main, mais ça se comprenait, surtout s'il avait faim, il ne serait pas à l'aise à penser qu'à n'importe quel moment il pourrait m'attaquer - ce que je ne croyais pas une seule seconde -.

- On se reverra au club ne ?

Je fus surpris de ses paroles, mais je n'eus pas le temps de réagir car il se retourna vers moi et déposa un baiser sur mon front. Un grand frisson me traversa, ses lèvres étaient véritablement gelées, mais c'était agréable. Je tendis la main pour attraper son poignet...

- Hisaki... tentai-je d'une voix penaude.

... mais il était déjà parti. Je restai donc planté là, durant quelques secondes. Pourquoi est-ce qu'il partait ainsi? Je voulais qu'on rentre tous les deux moi! On habitait au même endroit, on pouvait bien faire le chemin ensemble... baka!! Si j'étais trop lent pour lui il pouvait le dire au lieu de partir comme un voleur!

Je soufflai et me passai une main sur le visage. Cela ne changeait quand même rien au fait que je devais rentrer chez moi pour me préparer pour ce soir. "On se reverra au club"... ouais tu parles, pour le peu qu'on se parle - pour pas dire qu'on ne s'adressait pas un seul mot -, entre ses clientes et les miens, on pouvait pas dire que c'était simple de pouvoir trouver un moment pour discuter. Humpf... il avait bien de la chance que j'avais décidé d'être un peu moins gamin, sinon il pouvait être sûr que je l'aurais boudé pour m'avoir laissé là.

Je secouai doucement la tête et me mordis la lèvre pour m'empêcher de soupirer à nouveau, puis je pris enfin le chemin de chez moi.

# Terminé ~